La forge à froid

Je forge l’argent à froid.
C’est une technique que j’ai apprise de mon grand-père. Il a toujours travaillé ainsi, sans jamais fondre le métal. Quand j’ai commencé, je n’ai pas appris d’autre méthode. C’est donc devenu naturellement ma manière de faire.

Durcir le métal sans le chauffer

La forge à froid consiste à façonner le métal sans le ramollir par la chaleur.
Chaque coup de marteau compacte le métal, modifie sa structure interne.
Ce travail s’appelle l’écrouissage : il rend le métal plus dur, plus dense et plus élastique.À l’inverse, un métal recuit est chauffé pour redevenir mou.
C’est pratique pour travailler vite, mais le métal y perd toute sa tension.
En forgeant à froid, je fais exactement l’inverse : je le durcis, mais sans aller trop loin.
Car un métal trop écroui devient cassant.
Tout mon travail repose sur cet équilibre : trouver le point où l’argent est à la fois solide et souple.

Des bracelets élastiques, impossibles à mouler

Cette technique est essentielle pour mes bracelets.
Forgés à froid, ils conservent une élasticité naturelle : ils s’ouvrent pour passer le poignet, puis reprennent leur forme d’origine.
Si je les chauffais ou les recuisais, ils deviendraient mous, se déformeraient et perdraient tout intérêt.
C’est cette tension interne, invisible, qui fait qu’ils tiennent si bien.Aucune fabrication industrielle ne peut reproduire cela.
Un bijou coulé dans un moule n’a pas de tension : il a la forme, mais pas la vie du métal forgé.

Les bagues forgées à froid

Mes bagues sont elles aussi écrouies.
La forge rend l’argent plus compact, plus dense, et bien plus solide que du métal fondu.
Ces bagues gardent leur forme au fil des années.
Les légères irrégularités de surface ne sont pas des défauts : ce sont les traces du geste, la preuve que chaque pièce a été formée à la main.

Les pièces en fil massif

Certains modèles, comme le cordon Toi et Moi, gardent leur fil arrondi.
Ces pièces ne sont pas forgées, mais elles restent d’une grande solidité : elles sont faites à partir de fil d’argent massif, non fondu.
C’est une différence importante :
le métal fondu contient toujours, même en faible quantité, des bulles d’air invisibles qui le rendent légèrement poreux.
Le fil massif, lui, est plein, compact, et plus résistant.

Une technique héritée et fidèle

Je n’ai jamais appris à fondre le métal, à le couler dans des moules.
Mon savoir-faire vient de la forge, de la matière travaillée directement à la main, du métal qui durcit sous le marteau.
C’est une technique exigeante, mais c’est celle qui me correspond.
Elle me relie à mon grand-père, à sa façon de travailler, et à l’idée qu’un bijou doit tenir par la force de son métal, pas par les artifices.